Une construction du français à Douala-Cameroun
Cette thèse pose que les pratiques linguistiques inscrivent le locuteur dans un rapport d'altérité. La production d'observables s'est effectuée par des techniques classiques, adaptées pour le terrain : participation observante, entretien compréhensif, corpus non sollicités, mais aussi un travail sur l'expérience du terrain des acteurs de la recherche. Cette ouverture a permis de comprendre la pertinence des approches constructivistes (ethnosociolinguistique et interprétativiste), qui conduisent à la réflexivité, grâce à la récursivité de la connaissance construite. Se basant sur l'acception mutuelle des différents acteurs sociaux, ce travail a considéré les concepts de norme et de communauté linguistique comme des pratiques contextuelles. Le français est alors un ensemble de représentations (francanglais, bon fançais, "français personnalisé", mauvais français, français du quartier, français moyens), obéissant au contexte. Différents acteurs sont ainsi d'accord même sur les points de désaccord. Dans ce climat d'inter-(tolérance / connaissance), le français du quartier, apparaït comme une pratique synonyme d'ouverture et de clivage social dans les rapports à autrui. Le français langue de "jure", se présente alors comme un capital symbolique. Parler français à Douala revient à revendiquer ce pouvoir, imposer SON français, puisque LE français n'existe pas objectivement. Dans l'ensemble, si la langue reste une construction sociale, la démarche pour y accéder ne peut occulter la contextualisation et ses conséquences.