Qualité de vie chez les schizophrènes
La prise en compte de la qualité de vie (QDV) est un élément fondamental de toute prise en charge médicale. Son évaluation pourtant n'est pas aisée, notamment en psychiatrie, et la manière d'y procéder dépend en grande partie du champ sémantique dans lequel on se place. Il semble toutefois que chez les schizophrènes, la QVD soit fortement influencée par la symptomatologie, notamment dans les registres négatif d'une part, anxio-dépressif d'autre part. Illustrée par des observations concrètes, cette étude porte sur 178 patients schizophrènes, évalués sur le plan clinique et celui de la QVD telle que la conçoit Lehman dans son " Quality of Life Interview " (1988), et répartis en deux groupes : sujets porteurs de la forme résiduelle de la maladie (sujets résiduels, n+49) et sujets porteurs d'autres formes cliniques de schizophrénie (sujets non-résiduels, n=129). L'analyse des données montre que les deux groupes diffèrent peu en ce qui concerne les données objectives de QVD mais que, sur le plan subjectif, les sujets résiduels se montrent plus satisfaits que les autres dans de nombreux domaines spécifiques. Ces différences peuvent être rapportées surtout à celles existant entre les niveaux symptomatiques respectifs des uns et des autres. Par ailleurs, chez l'ensemble des patients, les relations entre QVD objective et QDV subjective sont assez peu marquées. Certains domaines spécifiques de satisfaction sont plus prédictifs que d'autres de la satisfaction globale. Enfin, la satisfaction pourrait se résumer à deux domaines : un domaine " matériel " ou " revendiquant " et un domaine " abstrait " ou " affectif ". Certains de ces résultats sont conformes aux données de la littérature, d'autres sont plus originaux, ce qui pourrait s'expliquer en partie par le peu de place qu'occupe la schizophrénie résiduelle en recherche clinique, peut-être du fait du caractère bien peu " opérationnel " de ce diagnostic