L'ordre de la violence
A partir des exemples rwandais et burundais, cette recherche tente d'analyser les processus permettant la réalisation et le déroulement de violences de masse. Ils amènent à s'interroger sur les configurations rendant possibles la convergence de mobilisations "populaires" avec les stratégies de dirigeants, l'importance des capacités d'encadrement et de mobilisation idéologique des dirigeants, mais aussi sur les participations volontaires par delà l'encadrement institutionnel et idéologique, ainsi que sur l'articulation entre ces dynamiques internes et les approches des acteurs internationaux. Plus qu'une approche "intentionaliste" reposant sur deux postulats -dimension instrumentale de la violence ; capacité des dirigeants à instrumentaliser les dirigés-, l'approche de ce texte relativise sans les exclure ces deux postulats en prenant en compte l'historicité des violences et le type d'ordres politiques et sociaux avec lesquelles elles s'articulent. Des dispositifs de violence se forment, par l'intériorisation du rapport à la violence, l'élision des répertoires alternatifs, et les conformismes dans la violence, ainsi euphémisée, facilitant une dimension instrumentale de cette dernière. Trois thèmes principaux traversent les trois parties de ce texte : une analyse des cercles dirigeants, de leurs compositions, stratégies et conceptions du pouvoir ; les effets des relations entre nationaux et internationaux sur ces dimensions, ainsi que dans le processus de développement de l'appareil étatique ; les conséquences de ces deux éléments sur les sociétés burundaise et rwandaise en terme de formation des imaginaires et de modalités des mobilisations sociales.