Musée Picasso, Antibes
Il en est des histoires vraies comme de beaucoup de légendes, les plus belles s'apparentent à des contes qui disent l'immanence du destin, quand le merveilleux parfois s'invite à la table de l'histoire. Il était donc une fois un château posé, telle une sentinelle, face à la mère de toutes les mers, sur le rempart d'une petite ville au riche passé, et un artiste fabuleux qui devait, comme aucun autre, marquer son siècle à tout jamais. Leur rencontre était sans doute écrite, et peu s'en fallut que Picasso ne rentrât au château Grimaldi en tant que propriétaire plutôt qu'en tant qu'artiste invité. Car celui-ci, grand familier de la Côte d'Azur, avait l'habitude de prendre ses quartiers d'été, depuis le début des années 1920, dans le petit périmètre qui lie Juan-les-Pins, le cap d'Antibes et Antibes. C'est ainsi qu'il passe les beaux jours de 1923, 1924 et 1925 à Antibes, époque à laquelle le château Grimaldi abandonné par son dernier occupant, le Génie militaire, est mis en vente par son propriétaire, l'État. Picasso, intéressé, songe alors à l'acheter. Mais un autre acheteur viendra contrarier ce projet : la ville d'Antibes, convaincue de la valeur patrimoniale du bâtiment grâce à l'intervention d'un personnage décisif.