La monnaie en question
À la fin de l’année 2001, une grave crise économique, politique et sociale a secoué l’Argentine. Il s’agissait aussi d’une crise monétaire : les règles régissant le système monétaire ont été altérées et la confiance dans la monnaie nationale, perturbée. Cependant, même si les conséquences de cette crise monétaire l’un des processus les plus marquants de l’histoire récente du pays- ont été nombreuses, très peu de travaux ont été consacrés à leur étude. Centrée sur l’exploration des pratiques monétaires et des représentations sociales de l’argent de différents groupes sociaux, à partir d’une enquête par entretiens et par observation menée principalement à Buenos Aires et à Cordoba, notre recherche s’appuie sur la perspective élaborée par Michel Aglietta et André Orléan, selon laquelle la monnaie est un opérateur de l’appartenance sociale et les crises monétaires des moments de perturbation des liens sociaux. Nous cherchons notamment à analyser les différents modes selon lesquels la confiance dans la monnaie nationale (le peso) a été remise en question lors de la crise. Ainsi, à partir de l’analyse de différents processus de mise en question de cette confiance dans la monnaie observés lors de la crise de 2001, la thèse se propose de contribuer à la compréhension de l’argent en tant que fait social et de la fécondité d’une approche le prenant en compte pour penser la vie sociale.