Chemin de crêtes
"La route que j’entreprends ce jour est volontaire et non sacrificielle. Il s’agit d’opérer un choix. Entre Croix et Transfiguration, je choisis cette dernière, qui est notre aboutissement, car la croix est dans mon quotidien et la transfiguration est ma finalité. De rues en rues, je cherche mon chemin en direction des Contamines. Je flâne un peu, regarde les vitrines de sport ou les librairies. Heureusement, aux Houches, on est déjà à mille mètres d’altitude. Je dois cependant monter jusque 1600 mètres environ, pour redescendre ensuite. Le pays est beau et offre des vues sur la chaîne des Aravis. De la rue de l’Église, je continue en direction de la rue des Essarts. Je monte dans la forêt entre le Nant Jorland et le ruisseau des Chavants. J’atteins la côte de 1600 mètres pour redescendre vers la vallée des Contamines. Commencer la journée en montant de 600 mètres, j’ai déjà connu cette épreuve en quittant le Puy-en-Velay. Il faut beaucoup boire. Cette fois, je dispose d’une paire de gourdes. Assis sur une souche, je contemple le paysage environnant lorsque mon regard est attiré par une agitation curieuse semblable au jeu de deux jeunes chats sauvages". Voyage physique, le pèlerinage est encore cheminement spirituel. Une double dimension que mettent en exergue les mots d’Henri, narrateur de ces lignes, qui, d’étape en étape, de rencontre en rencontre, donne à lire ses réflexions et méditations. Tout se passe alors comme si en s’extrayant du monde Henri offrait une vue en élévation sur la société et la longue marche de la caravane humaine. Croisant questionnement sur la Création et sa finalité face aux défis du présent. Par la même occasion, Damien de Failly signe une oeuvre à la frontière du roman et de l’essai, qui ne manque pas de résonner et raisonner avec nous tant ses thèmes concernent chacun de nous, pris entre Terre et Ciel.