Rôle de l’hypertension artérielle dans l’œdème maculaire diabétique
L'œdème maculaire diabétique (OMD) est la principale complication oculaire du diabète responsable de malvoyance, et son traitement reste difficile. En dehors de l'équilibre glycémique, d'autres facteurs généraux et particulièrement l'hypertension artérielle, sont impliqués dans sa pathogénie. Il est connu qu'il existe des fluctuations nycthémérales spontanées de l'épaisseur maculaire dans certains œdèmes, mais aucune étude n'a exploré les éventuelles fluctuations de l'OM chez les diabétiques à moyen terme, ni recherché leur corrélation avec des variations de paramètres systémiques. A travers l'étude observationnelle prospective de 23 patients diabétiques, nous avons observé les variations spontanées à court et moyen terme de l'OMD et recherché un lien avec les variables pressives et glycémiques mesurées sur la même période. Nous avons confirmé la diminution vespérale de l'épaisseur maculaire au cours du nycthémère, et montré la présence de fluctuations parfois très importantes sur 3 mois. Ces variations étaient directement corrélées aux variations concomitantes de la pression artérielle systolique et disatolique. De plus l'épaisseur maculaire était proportionnelle à la valeur d'un paramètre tensionnel particulier, la pression pulsée (PP), facteur de risque cardio-vasculaire indépendant lorsqu'il est élevé. Une forte proportion de patients avec un OM sévère avait une HTA nocturne ou un statut « non dipper ». Enfin, la moitié des patients avait présenté des épisodes d'hypoglycémies sévères, et chez ce sous-groupe de patients avec instabilité glycémique, l'épaisseur maculaire centrale, les pressions artérielles systolique, diastolique et pulsée étaient plus élevées que dans le groupe sans hypoglycémies (à taux d'HbAlc égal). Ces observations nous rappellent que la prise en charge du patient diabétique est avant tout pluridisciplinaire et que la collaboration entre ophtalmologistes, diabétologues, cardiologues et médecins généralistes est capitale pour optimiser la prévention et le traitement des complications oculaires du diabète, par le contrôle strict des facteurs systémiques, sans nécessairement recourir à des thérapeutiques ophtalmologiques spécifiques.