Paris, creuset pour la sculpture (1900-1914)
Au début du XXe siècle, l’aspiration à un nouvel univers formel est pressante dans le domaine de la sculpture. Retrouver les lois de leur art, voilà à quoi aspirent les sculpteurs. Depuis les années 1890, est apparue une nouvelle génération d’artistes, donc beaucoup sont des praticiens de Rodin, mais qui tous cherchent à se définir par rapport à lui. L’esthétique rodinienne est un passage à la fois obligé et contesté. Cette génération comprend les français Bourdelle, Maillol, Bartholomé, Joseph Bernard, mais aussi des sculpteurs issus de nombreux pays, qui font tous preuve, avec leurs personnalités respectives, de préoccupations convergentes. Gonzalez arrive à Paris en 1899, Brancusi et Nadelman s’y établissent en 1904, Gargallo y fait un passage en 1903-1904. En 1900, Hoetger s’installe dans la capitale (où il demeure jusqu’en 1907), en 1908 c’est le tour d’Archipenko. Lehmbruck y vit et travaille entre 1910 et 1914... Paris n’est pas seulement le lieu où la présence de Rodin rayonne, aimante les jeunes sculpteurs et les somme de réagir. C’est aussi un milieu intellectuel et artistique traversé de nouvelles idées. La sculpture ne reste pas à l’écart et stimule des débats esthétiques qui renouvellent la question de son autonomie par rapport à la peinture, de sa logique plastique propre, de l’attraction qu’opèrent les différents archaïsmes et primitivismes. Le milieu de la sculpture bénéficie aussi de la circulation des nouvelles idées philosophiques. Bergson, William James, Nietzsche et Simmel, en substituant des notions comme l’intuition, la mouvance et la suggestion à la raison, la permanence et la représentation naturaliste, deviennent des références qui animent des débats et fécondent la création plastique.