Exposition aux antiépileptiques de nouvelle génération au cours de la grossesse
On sait que le taux global de malformations est multiplié par 2 ou 3 chez la femme épileptique traitée par rapport à la population générale, le risque tératogène étant essentiellement lié aux médicaments et augmentant avec la polythérapie. Si le risque malformatif et néonatal des antiépileptiques « anciens » (acide valproïque, carbamazépine, phénobarbital...) est connu, le recul d’utilisation des antiépileptiques « récents » chez la femme enceinte est encore insuffisant, leur tératogénicité et leur tolérance néonatale sont mal établies. L’objectif de cette étude est d’analyser la fréquence des malformations et des manifestations néonatales après exposition in utero aux antiépileptiques de nouvelle génération parmi les notifications de grossesses exposées. Nous avons analysé les cas de grossesses notifiées, de façon prospective et rétrospective, aux Centres Régionaux de Pharmacovigilance français entre 2000 et le 15 octobre 2008, saisis dans une banque de données commune,Terappel, et ayant été exposées aux antiépileptiques de nouvelle génération (lamotrigine, topiramate, vigabatrin, gabapentine, prégabaline, lévétiracetam, tiagabine, oxcarbazépine, stiripentol, topiramate, zonisamide). Nous avons retenu les malformations fœtales qu’en cas d’exposition à au moins un antiépileptique de nouvelle génération au cours du 1er trimestre de grossesse et les manifestations néonatales qu’en cas d’une exposition en fin de grossesse y compris l’accouchement. Pendant la période d’étude (8 ans), 418 grossesses ont été exposées aux antiépileptiques de nouvelle génération : lamotrigine (47,3 %), gabapentine (24,4 %), topiramate (17%), lévétiracétam (14%), oxcarbazépine (11%), vigabatrin (3,5 %). Il n’y a pas eu d’exposition au stiripentol, tiagabine, zonisamide. L’évolution est connue dans 298 des cas. Il y a eu 243 naissances (81,5 %), 22 interruptions médicales de grossesse (7,3 % dont 17 pour malformation fœtale), 21 interruptions volontaires de grossesse (7 %), 10 fausses couches spontanées (3,3 %), 2 fœtus morts in utéro (0,6 %). Les malformations concernent 55 fœtus/nouveau-nés (18,4 %) dont 24 (8 %) en monothérapie et 31 (10,4%) en polythérapie antiépileptique comprenant au moins un antiépileptique de nouvelle génération. La fréquence des malformations semble plus élevée avec la lamotrigine (cardiovasculaire, système nerveux central) qu’avec les autres molécules. Parmi les 232 nouveau-nés pour lesquels une information clinique est disponible, 48 (20 %) avaient au moins une manifestation néonatale (essentiellement de type sédatif) dont 16 (6,4 %) en monothérapie et 32 (13,6 %) en polythérapie. La fréquence des malformations est plus élevée qu'attendue dans notre étude en particulier avec lamotrigine contrairement aux données internationales, expliquée en partie par le biais de sélection lié au suivi rétrospectif. Les manifestations néonatales précoces et de type sédatif (respiratoire, hypotonie) sont en rapport avec les propriétés pharmacologiques des molécules et plus fréquentes avec la polythérapie. Il existe un risque malformatif et néonatal précoce des antiépileptiques de nouvelle génération avec une incidence non encore établie. La monothérapie doit être privilégiée et la grossesse programmée.