Ce que « Savoir cuisiner » signifie pour des adolescents québécois
Contexte : La perte de compétences culinaires des jeunes est aujourd'hui un sujet d'actualité incluant des concepts de plus en plus élaborés permettant d'explorer le thème de la cuisine dans toute sa complexité (Vidgen 2016). Bien que les données scientifiques actuelles ne permettent pas de statuer sur la perte des compétences culinaires chez les jeunes québécois, nous savons que ces derniers ont moins d'occasions d'acquérir des compétences culinaires et ce, autant dans le milieu scolaire que familial (Chenhall, 2010). Le programme des Brigades Culinaires de la Tablée des Chefs, déployé en activité parascolaire, est l'une des initiatives du Québec visant à répondre à cette problématique. Objectifs : Cette étude explore le sens donné à l'acte de cuisiner par les participants des Brigades Culinaires et suit son évolution au cours de l'année scolaire. Méthodologie : Les adolescents exposés aux ateliers des Brigades Culinaires de la saison 2017-2018 étaient invités à répondre à un questionnaire papier auto administré en pré et en post activités, soit en début et en fin d'année scolaire. Ce questionnaire comprenait la question ouverte « Savoir cuisiner, ça veut dire quoi pour toi ? » et incluait 11 énoncés quantitatifs basés sur le modèle théorique de Vidgen et Gallegos (2014) pour qui cuisiner implique quatre compétences liées à la planification, à la sélection, à la préparation et à la consommation des aliments. Les choix de réponses « capable », « plus ou moins capable » et « incapable » étaient proposés. Enfin, des questions sociodémographiques étaient également présentes. Une grille de codification spécifique aux adolescents québécois exposés aux ateliers des Brigades Culinaires fut utilisée pour l'analyse des données qualitatives. En regard aux données quantitatives, des tableaux de fréquence furent générés et des tests de chi-carré furent menés afin de soulever les différences significatives entre certaines variables. Résultats : La majorité sont des filles et l'âge moyen est de 13,4 ans (ÉT : 1,5). En pré ateliers, 1437 réponses furent analysées en réponse à la question sur l'acte de cuisiner. En post ateliers, 840 réponses furent obtenues (13,8, ÉT : 1,5). Par ordre d'importance, les jeunes associent l'expression savoir cuisiner à la préparation des aliments avec 65% (en pré) et 57% (en post). La préparation des aliments réfère à la dimension appliquée de l'acte de cuisiner soit à l'utilisation d'équipements et aux techniques culinaires. Ensuite, 32% (pré) et 40% (post) des réponses réfèrent à la consommation incluant la compréhension de la saine alimentation et soulignant l'importance de l'autonomie des jeunes à adolescence. Très peu de réponses furent associées à la planification et à la sélection des aliments. Du côté quantitatif, autant en pré qu'en post activités, la préparation semble être une activité bien maitrisée par les jeunes alors que les énoncés liés à la planification et à la sélection affichent des scores plus bas au choix de réponse « capable ». Conclusion : Bien que la préparation soit une compétence essentielle à la saine alimentation, celle-ci doit être supportée par un ensemble de compétences et connaissances en alimentation. Ainsi, dans une perspective d'amélioration continue, élaborer sur la provenance des aliments, le fonctionnement du système alimentaire, la gestion d'un budget alimentaire ou la gestion du temps sont des avenues à retenir pour que le sens donné au mot cuisiner soit plus riche en termes de compétences. Cette vision plus élargie de l'acte de cuisiner permettra de raffiner les programmes culinaires amenant les jeunes à développer le maximum d'autonomie en cuisine et ainsi prendre une distance à l'égard des produits ultra-transformés.